Au mois de novembre, en notre pays montagneux et volcanique du Velay sont déposés à proximité des raidillons de nos routes de montagnes des tas de petits graviers que l’on appelle ici « pouzzolane » et qui sont à la disposition du conducteur en galère sur la route enneigée. Charge à lui de les pelleter sur la neige pour améliorer son adhérence…
Quelle est la nature de ces graviers qui ne sont utilisés qu’en pays volcanique, et pourquoi des couleurs différentes ?
« Pouzzolane », quel drôle de nom …
Cette roche légère, bulleuse, rugueuse, scoriacée, a été baptisée dans la région de Pozzuoli près de Naples, région volcanique s’il en est et est produite par une éruption de type strombolien.
En effet, en plus de l’émission de coulées, ce type de volcan projette des lambeaux de lave fluide (de nature basaltique) de toutes tailles.
En refroidissant au cours de leur trajet aérien ces paquets de lave acquièrent une structure scoriacée bulleuse. Lorsqu’ils retombent encore pâteux ils s’agglomèrent pour former des scories soudées. Si la solidification aérienne est complète ils tombent en bombes et pluie de scories plus petites, qui en s’accumulant forme l’édifice volcanique sous la forme d’un cône de scories. On appelle ces scories « pouzzolane », en référence à la région de Pozzuoli.
Des cônes de scories…
La même lave, la même roche, mais deux couleurs…
Un édifice de type strombolien se construit en plusieurs heures ou plusieurs jours, voire semaines lors d’une seule et même éruption volcanique (parfois deux), donc toutes les scories proviennent des mêmes bouches éruptives (principale et adventives), lors de la même éruption.
Un contact prolongé avec l’air, donc avec l’oxygène et/ou une température élevée favorisent l’oxydation du fer contenu dans la lave en oxyde ferrique de couleur rouge (la même oxyde que dans la rouille). C’est le cas notamment pour les lambeaux de lave émis à proximité de la bouche éruptive, au contact de l’air chaud et d’une température encore élevée après leur dépôt.
Lorsque la lave est projetée et retombe relativement loin de la bouche éruptive elle refroidit rapidement et conserve une couleur noire caractéristique du basalte, surtout si elle n’a pas de contact prolongé avec l’air. Le fer contenu dans la roche reste sous forme peu oxydée comme la magnétite ou l’oxyde ferreux.
On trouvera donc souvent de la pouzzolane rouge dans la partie interne du volcan et noire dans les parties plus externes…
Des couleurs mises en valeur par l’artiste…
Sculpture sur scories soudées de l’artiste Diego Martinez de Lavoûte-Chilhac.
La partie interne de la scorie, protégée de l’air par la croûte extérieure est restée noire…