23 La cascade de blocs de Bourrianne…

Une fausse coulée de lave, un faux éboulis et un peu plus qu'une rivière de pierres...
Au-dessus du hameau de Bourrianne, commune de Saint-Julien-d’Ance (43)

Pour qualifier cette étendue pierreuse vous trouverez parfois « coulée de lave de Bourrianne » (Google Maps) ou « éboulis de basalte de Bourrianne » (panneau à l’entrée du site).

Cette formation est constituée de blocs… de basalte. Le basalte est bien une lave … qui a coulé en son temps (il y a 6,5 Millions d’années), mais ceci n’est pas la coulée.

Ce n’est pas une coulée de lave…

La surface des coulées refroidies peut avoir différents aspects mais ce ne sont jamais des blocs séparés les uns des autres. Ici une coulée en Islande.

Les coulées de lave une fois refroidies sont rapidement recouvertes par la végétation :

Coulée de 2004 en cours de végétalisation. Ile de la Réunion. Photo Alain Guyot.
Et même en Islande, avec un climat beaucoup plus froid, une coulée est colonisée par la végétation en quelques dizaines d’années…

A Bourrianne rien de tel. Les blocs sont en état depuis plusieurs milliers d’années, éventuellement recouverts de lichen.

Coulées entaillées par une rivière, Islande. L’épaisseur des coulées est prismée

Ce n’est pas un éboulis classique…

Le terme d’éboulis sous-entend un éboulement. L’érosion des falaises alimente les éboulis qui s’accumulent à leur pied.

Eboulis au pied d’une falaise à Saint-Julien-Chapteuil (43).
En pente régulière au pied d’une falaise calcaire dans le Vercors.

Aucune falaise à Bourrianne, aucune corniche, juste un grand éboulis entouré de fotêts…

En l’absence de falaise, l’alimentation de l’éboulis est faible… et pourtant il s’étend sur une longueur de près de 500 m !

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Une rivière de pierres sur tapis glissant…

Les régions montagneuse proches du Mézenc-Meygal (43) d’une part et du Pilat (42) d’autre part sont riches en rivières de pierres : ce sont des éboulis complètement détachés du relief rocheux qui leurs à donné naissance. Ils se sont donc déplacés en glissant lentement le long d’une pente généralement faible.

Il est généralement admis que leur formation remonte à la dernière époque glaciaire, dont le maximum se situe il y a 20 000 ans, quand les glaciers de la vallée du Rhône induisaient un climat très froid dans la région. La prise en glace des blocs rocheux pouvaient alors favoriser leur fracturation et une lente migration de l’ensemble.

Pourtant à Bourrianne le profil de l’éboulis interpelle : contrairement à un éboulis classique dont l’inclinaison de la pente est constante, la pente est ici irrégulière, avec des replats..

L’explication peut se trouver dans la nature du sous-bassement qui est argileux. On peut alors interpréter ce profil par des loupes de glissements de terrains dans les argiles.

Une coulée de lave alimente l’éboulis…

Le sommet de l’éboulis correspond à la bordure du plateau des Couarches qui est chapeauté par une coulée de lave prismée et entièrement boisée.

En bordure de la coulée de lave les prismes verticaux, fauchés, s’inclinent progressivement, se détachent, se fragmentent et forment les blocs de basalte de l’éboulis : une cascade de blocs...

D’après un dessin original de Gérad Dyot, modifié.

Plusieurs milliers d’années et toujours aussi nu…

La végétation a de grandes difficultés à se développer sur ces pierriers :

– l’espace entre les blocs est important et donc peu propice à l’accumulation d’argiles susceptibles de retenir l’eau et de former un sol.

– l’éboulis est très épais et le sol est trop profond pour que les végétaux puissent s’y fixer.

La conquête peut éventuellement se faire depuis la périphérie de l’éboulis.

Tous mes remerciements à André Reymond pour son éclairage avisé sur le sujet...

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