La présence du Raton laveur en Haute-Loire depuis quelques années suscite quelques inquiétudes qui ont justifié son classement parmi les « espèces exotiques envahissantes » c’est à dire chassables et piégeables… Pourquoi ? Les photos qui illustrent cet article ont toutes été prises en Haute-Loire.
Un joli minois et un pelage superbe…
Image nocturne captée par un piège photographique à Beauzac. Photo Jean-Jacques Poupinel
Animal mort en bord de route près du Puy-en-Velay, sans doute percuté par une voiture. Photo Alain Guyot
Facilement identifiable à son bandeau noir sur les yeux et à sa queue annelée, le Raton laveur est un animal solitaire, essentiellement nocturne.
Mais complètement exotique…
L’aire de répartition originelle et naturelle couvre l’Amérique du Nord, à partir du sud du Canada jusqu’en Amérique centrale.
En France i y a maintenant des données sporadiques presque partout mais il y a plusieurs foyers avec une densité importante d’individus :
Son expansion en Auvergne et en Haute-Loire…
Les données vont des plus anciennes (en jaune) aux plus récentes (en rouge). Source : Groupe Mammalogique d’Auvergne, Damien Pagès.
Et depuis 2013 ?
Les données transmises par les observateurs sur la plateforme FauneAuRA montrent une forte progression vers l’Est du département : plusieurs données récentes autour du Puy-en-Velay, dans la vallée de la Loire en amont (Chadron), Solignac, Goudet) et en aval (jusqu’à Monistrol). Et pour ce qui est du « pays des Sucs », sa présence a été signalée à Saint-Hostien, Beauzac, Yssingeaux …. et Saint-Front nettement plus en altitude… En 2017 sa présence est signalée dans 65 communes de Haute-Loire
Voici les données relevées sur la plateforme Faune France ces 5 dernières années. On constate que de nombreuses observations émanent de la Haute-Loire.
Son expansion est favorisée par sa grande adaptabilité :
1. En matière de milieux fréquentés.
Il est observé très souvent à proximité des cours d’eau.
C’est d’ailleurs dans la boue et le sable qu’on trouve ses empreintes.
Mais la présence d’eau n’est pas obligatoire : on le trouve également dans des vallons secs et dans des zones de moyenne montagne avec un couvert forestier important ; donc le département lui offre quantité de milieux favorables.
2. En matière de régime alimentaire.
Son alimentation est extrêmement variée et change selon le milieu et les saisons. C’est un carnivore qui consomme beaucoup de végétaux, en particulier fruits et céréales dans les cultures. Dans la composante animale on trouve de petits oiseaux, campagnols, grenouilles, insectes et larves, vers, écrevisses, œufs et peut-être poules … il trouve sa nourriture aussi bien en milieu aquatique que terrestre… et même arboricole puisqu’il grimpe aux arbres sans problème !
3. Un taux de reproduction élevé et une faible mortalité.
La femelle met bas chaque année entre 3 et 7 jeunes….
La mortalité des jeunes est plus faible qu’en Amérique (hivers moins longs et moins rigoureux, absence de foyers de maladie, ressources alimentaires importantes…).
4. Et … l’ absence de prédateur !
Les prédateurs naturels du Raton laveur sont les pumas, lynx et coyotes… absents ici. Il pourra toujours craindre l’homme et pourquoi pas le Grand-Duc pour les jeunes….
Donc, malgré la chasse et le piégeage il est peu probable que le Raton laveur soit éradiqué du département…
Sources : – Etudes du Groupe Mammalogique d’Auvergne. – Données de la plateforme collaborative FauneAuRA et Faune France.
un groupe de 4 ratons laveurs au dessus de Goudet, ils avaient l’air jeunes, regroupés, surpris par ma voiture et moi tout autant que eux, je n’ai pas eu le temps de saisir mon appareil photo, de toute façon il était déjà nuit.. Voir Fauna Aura