Il impose sa silhouette dans le bassin sédimentaire de Saint-Julien-Chapteuil, mais sa forme le distingue des dômes alentours. La roche qui le constitue est bien de nature volcanique, mais s’agit-il bien d’un volcan ?
Une curieuse dissymétrie…

Face nord boisée du Suc de Monac. À l’arrière plan la coulée de phonolite du Mont Plaux et à l’horizon la plateau basaltique du Devès.

La face sud, très raide qui domine le hameau de Monac, n’a pas permis l’installation de la forêt. C’est le domaine de la roche, qui est prismée, et des genêts. La roche a été exploitée dans une carrière visible à la base du Suc.


Une étroite arête sommitale…

A l’est, les deux arêtes se rejoignent pour former l’étroite arête sommitale.

L’arête a été dessinée par Louis Durand, l’un des fondateurs du Groupe Géologique de la Haute-Loire dans les années 1970…

La roche…
La couleur, assez claire, paraît uniforme de loin, mais une observation plus attentive montre de nombreux petits cristaux bien visibles.
Sa rugosité lui a donné son nom de trachyte (« trakhús » signifie « rugueux » en grec)

Le trachyte est une lave froide et visqueuse, comme la phonolite, issue de la différenciation du magma en profondeur. Voir article : https://sucs-nature.fr/16-une-roche-qui-fond-et-plusieurs-sortes-de-laves/
La particularité du trachyte de Monac est l’abondance de petits filons et de placages blancs ou blanchâtres qui résultent du remplissage de fissures par des minéraux comme la calcite ou des zéolites (minéraux contenant de l’eau dans leur structure).
En effet, dans les fissures de l’édifice volcanique en cours de refroidissement circulent des eaux chaudes enrichies en minéraux dissous qui finissent par cristalliser et remplir la fissure.

Pas vraiment un volcan…
En raison de sa forme particulière, les géologues considèrent que cet édifice résulte d’une intrusion de la lave dans les argiles du bassin de Saint-Julien-Chapteuil, dont l’épaisseur était beaucoup plus importante il y une dizaine de millions d’années, époque de mise en place des volcans de la région. L’intrusion a été mise à jour par l’érosion de l’encaissant argileux. Il s’agirait des restes d’une fissure remplie de lave (« dyke ») ou le reste d’une cheminée volcanique (« neck »)
Apprécié des tailleurs de pierre…
La présence d’une importante carrière témoigne de l’utilisation ancienne de ce trachyte qu’on retrouvera dans les pierres d’angle et les linteaux de nombreuses maisons alentour, dans différentes sculptures et anciens caveaux du cimetière.

Photo d’archive (début du XXème siècle).




Sources :
- Observations et photos personnelles
- Timothé Lhoste dans « Guide géologique, Haute-Loire, 10 itinéraires de randonnée ».

Bonjour Michèle,
Grand merci pour les magnifiques reportage dont tu nous régales !
Suzanne.
Bonjour Michèle,
J’étais hier à St Julien Chapteuil ! Dommage que tu n’aies pas posté cet article avant, j’aurais pu chercher le Suc de Monac. Très bien expliqué, comme toujours.
Merci de partager ton savoir avec nous !
-Samuel-