Les toutes dernières moules perlières de nos rivières…

Des survivantes qui ne peuvent plus se reproduire...

Rien à voir avec les moules de l’océan, ni avec les grosses moules anodontes des étangs : les moules perlières ou mulettes perlières pavaient le fond de nos rivières il y a 150 ans et produisaient des perles très recherchées avec une probalité de …. une perle pour 1000 moules. Sachant que par exemple l’une des robes de Marie de Médicis était couverte de 32000 perles, faites le calcul. Ces mulettes étaient également largement récoltées pour nourrir canards, poules et porcs. Les causes de sa raréfaction drastique sont donc faciles à identifer.

Pourtant, protégées depuis 1992 les moules perlières sont de plus en plus rares puisque seuls deux affluents de la Loire comptent encore quelques individus… Pourquoi ?

« Spot » à moules perlières que des amis m’ont fait découvrir…

Une faible profondeur, une eau courante, fraîche, bien oxygénée et un fond de graviers et de sable.

Pas de pavage comme « à l’époque » mais nous en avons tout de même trouvé une !

Le portrait officiel…

Photo Laurent Pelozuelo, FauneAuRA

Une couleur sombre, une coquille allongée d’une dizaine de cm de longueur et un sommet « décortiqué » …

Un cycle de vie long et compliqué !

Il est très dépendant de la présence de truites en nombre suffisant...

Source : Direction générale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) AuRA.

Le développement est très long mais la durée de vie également : 100 ans en France, beaucoup plus dans les rivières du nord de l’Europe.

Bien trop exigeante !!

Exige une eau légèrement acide, en lien avec la géologie

Pas de Moule perlière en pays calcaire…

Il lui faut bien un peu de calcaire pour construire sa coquille et sa tapisserie interne de nacre mais pas trop (moins de 10 mg/L).

Donc on va la trouver dans les rivières qui circulent dans le socle granitique … (Le basalte, lui, contient beaucoup de calcium).

Répartition des massifs cristallins (granite, gneiss…)
Répartition des la Moule perlière.

Ne supporte pas de colmatage de la rivière avec de la vase

Photo Laurent Pelozuelo, FauneAuRA

Elle filtre l’eau pour récupérer la matière organique dont elle se nourrit. Chaque individu filtre jusqu’à 50 litres d’eau par jour et ingère 90 % de la matière en suspension… C’est vous dire à quel point l’eau était propre… avant !

Victime du colmatage de la rivière par des sédiments vaseux, cette moule n’est peut-être plus vivante !

Le colmatage est provoqué par les labours et déboisements à proximité de la rivière, par les barrages et retenues, par les piétinements dans le cours d’eau…

Photo Gilbert Billard, Faune AuRA

Et ne supporte pas la moindre pollution…

Sont néfastes, les produits phytosanitaires, les polluants et les minéraux tels que nitrates, phosphates et calcium…

Au-delà de 1,5 mg/L de nitrates, l’espèce ne se reproduit plus. Or les eaux minérales vantées pour leur qualité en contiennent beaucoup plus, et nos rivières facilement dix fois plus….!

Les populations que l’on peut encore observer de nos jours, ne sont donc que des reliques d’une époque où les teneurs de minéraux dans l’eau étaient considérablement plus basses. La longévité de l’espèce permet de l’observer encore, mais il n’y a plus de reproduction depuis longtemps.

Ainsi, chaque moule perlière que nous pouvons voir est une survivante un peu miraculeuse…

Petite remarque : Lorsqu’on sait l’importance qu’avait cet animal dans la vie locale il est curieux de constater qu’il n’en reste guère de trace dans les mémoires, rien au musée Crozatier du Puy-en-Velay par exemple…

Sources :

  • Gilbert Cochet : La Moule perlière et les nayades de France, éditions Catiche.
  • DREAL Auvergne-Rhône-Alpes : Caractéristiques de la Moule perlière.

Un commentaire

  1. Bonjour Michèle,
    Je ne suis presque plus étonné de voir que les hommes utilisent frénétiquement les ressources dont ils ont besoin sans savoir s’ils en auront encore plus tard. C’est triste… J’ai fais le calcul : dans le pire des cas, 32 millions de moules ont été récoltées pour satisfaire les désirs d’une seule personne.
    Ces moules que tu nous montres sur les photos sont des battantes : Les dernières survivantes d’un génocide ! Dommages qu’elles ne se reproduisent plus… Peut-être qu’un jour, nous pourrons les réintroduire, lorsque les cours d’eau seront moins pollués ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *