Cet article fait suite et complète les précédents :
- Sur quoi reposent les coulées de lave du plateau : https://sucs-nature.fr/13-sur-quoi-reposent-les-coulees-de-lave-du-plateau/
- Le granite du Velay : les origines https://sucs-nature.fr/18-le-granite-du-velay-les-origines/
Des profondeurs à la surface…
Lorsque les forces compressives, à l’origine de la surrection de la chaîne de montagnes cessent, la chaîne s’effondre sous son propre poids et s’étire. Cet étalement, couplé à une remontée de la racine de la chaîne et à l’érosion permet une exhumation des granites cristallisés en profondeur.
Le climat tropical humide de l’époque a favorisé une érosion intense et rapide et 50 à 100 millions d’années ont suffi pour réduire les reliefs à des plateaux d’altitude modérée.
Il y a 100 millions d’années le Massif Hercynien, y compris le Massif central et le Velay, était un relief très aplati proche du niveau de la mer.
Et pendant ce temps s’ouvre l’Océan Atlantique…
L’ouverture et l’élargissement de l’Océan Atlantique fragmentent la Pangée et éloignent les continents les uns des autres. D’abord au nord…. puis au sud.
Les massifs résiduels de la chaîne hercynienne sont visibles à l’affleurement de part et d’autre de l’Atlantique… En France, le Massif Armoricain, le Massif Central, les Vosges mais aussi une partie des Alpes et des Pyrénées…
Résumé : Le massif granitique du Velay cristallisé en profondeur il y a 300 millions d’années est exhumé en quelques dizaines de millions d’années et visible à l’affleurement dans l’un des massifs résiduels de la chaîne hercynienne.
Il est reconnaissable entre tous par ses « châtaignes »…
Le granite du Velay est très hétérogène et peut montrer des aspects assez différents, parfois gris, parfois rose, souvent oxydé mais l’une de ses caractéristiques est la présence de cocardes de couleur gris-verdâtre de plusieurs centimètres de diamètre, d’un minéral appelé cordiérite.
La cordiérite est un minéral riche en aluminium qui cristallise à haute température dans un magma riche en aluminium.
Cette richesse en aluminium est héritée des sédiments argileux de la croûte continentale enfouis en profondeur lors de des phases de convergence…
Pourquoi « mal fini » ?
En général, les magmas de composition granitique s’extraient de la zone de fusion et remontent dans la croûte terrestre pour former des intrusions qui cristallisent loin de la zone de fusion, comme le granite de la Margeride par exemple, un « vrai » granite.
Le granite du Velay lui se situe dans la zone de fusion des roches: les liquides ne se sont que très peu déplacés et on trouve donc de nombreux restes de roches non fondues ou partiellement fondues. Le granite du Velay est plutôt considéré par les géologues comme une migmatite, « migma » signifiant mélange.
Des restes de roches qui n’ont pas fondu…
La seule présence du pli montre que cette roche n’a pas fondu, mais a juste été très déformée.
D15 St-Julien-Chapteuil, Photo T. Lhoste.
La fusion partielle peut laisser sur place des résidus très riches en micas noirs qui peuvent se retrouver en enclaves sombres dans le granite. D15 au sud du suc de Chapteuil, Photo T. Lhoste.
Les traces de la fusion partielle…
Elles sont visibles un peu partout dans la région. Ces photos ont été prises à l’extrême sud du dôme granitique du Velay, à Pont-de-Labeaume en Ardèche.
La structure en feuillets de la roche sombre résulte de l’enfouissement en profondeur.
Les parties blanches correspondent à du liquide de fusion, infiltré entre les feuillets sombres, accumulé dans des fractures de la roche et cristallisé.
Nous sommes dans une zone de fusion partielle.
1 : Granite cristallisé à partir du lquide de fusion.
2 : Reste de la roche déformée et plissée. Un peu de liquide de fusion, blanc, souligne le pli.
Voilà donc comment s’est formée ce massif granitique qui constitue une partie de la croûte continentale dans le Velay.
Il y a encore 40 millions d’années le Velay, comme tous les restes des massifs hercyniens, était à peu près au niveau de la mer. Or le socle granitique du Velay se trouve maintenant à plus de 1000m d’altitude. Que s’est-il passé ? La réponse peut-être dans un prochain article ?