Le plateau de la Madeleine

Un intrus au pays des Sucs ?

Un plateau phonolitique au pays des dômes…

A l’extrême nord-ouest du pays des Sucs, entre les vallées de la Loire et de l’Ance du nord, près du village de Beauzac, le relief tabulaire du plateau de la Madeleine interroge…. car il est bien de nature volcanique et la roche qui le constitue est une trachy- phonolite, lave visqueuse, qui habituellement s’accumule autour du point de sortie pour former les reliefs en forme de mamelons, cônes, dômes de la région …

Une coulée de lave…

La carte géologique montre clairement que cette phonolite forme une langue étroite, environ 100m de largeur seulement, et très allongée. En effet, dans le prolongement du plateau de la Madeleine, cette lave forme le plateau de « La Dent » et le pointement du « Fayet », l’ensemble s’étirant sur plus de 2,5 km.

Il ne s’agit donc pas d’une accumulation de lave au-dessus de son point de sortie, mais d’une coulée de lave qui avait certainement plusieurs km de longueur à l’origine.

La coulée de lave phonolitique (Madeleine, Dent, Fayet) est représentée en vert clair. Les pointillés sur fond vert sont les produits du démantèlement de ce relief. D’après la carte géologique éditée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), feuille de Monistrol, année 2000. Les cartes géologiques sont accessibles en ligne sur https://www.geoportail.gouv.fr/

Cette interprétation est corroborée par l’aspect en colonnes verticales de la roche qui évoquent d’énormes prismes verticaux de lave, orientation caractéristique d’une coulée.

Voir les articles « Pourquoi des prismes dans le basalte ? » https://sucs-nature.fr/9-pourquoi-des-prismes-dans-le-basalte/ et « Les prismes de lave visqueuse » https://sucs-nature.fr/11-les-prismes-de-lave-visqueuse/

Comment une lave aussi visqueuse a-t-elle pu couler ?

Les coulées de phonolite de cette ampleur sont effectivement très rares. L’explication tient vraisemblablement à la grande quantité de lave émise…

Le volcan qui a émis cette coulée est inconnu . Le volcan du Miaune, très proche, pourrait être suspecté mais la chimie de sa lave n’est pas la même…

Au moment de sa mise en place, âge estimé entre -12 et -9 Millions d’années, le relief était bien sûr très différent puisque la lave coule forcément dans une dépression. L’érosion des argiles qui remplissaient en grande partie le bassin de l’Emblavès a progressivement dégagé la coulée qui se trouve maintenant en relief.

Un détournement de rivière ?

D’après A. Reymond, Le Zircon no 43, modifié.

L’Ance coule vers le sud pour se jeter dans la Loire en entaillant des roches granitiques.

Sa trajectoire nord-sud est déviée deux fois, une première fois à proximité du plateau des Chaffoix (coulée basaltique), une deuxième fois à proximité du plateau de la Madeleine (coulée phonolitique).

Ces roches, de nature volcanique, très dures, offrent une résistance plus importante au creusement. On peut alors supposer que ces coulées sont responsables de la déviation du cours d’eau, la coulée de la Madeleine étant certainement plus large à l’origine.

Coude formé par la vallée de l’Ance, vu depuis le plateau de la Madeleine. On aperçoit le village de Sarlanges.

Source : Revue du Groupe Géologique de la Haute-Loire, Le Zircon no 43, Volcanisme et déviation de rivières en Nord-Velay, André Reymond. https://geol-43.asso-web.com/300+articles-zircon.html

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