10 Comment a-t-on compris que les Sucs étaient des volcans ?

En 1759 les Sucs étaient de" grandes montagnes couvertes de bois"...

Quand s’est-on rendu compte que certaines montagnes du centre de la France étaient d’anciens volcans ?

1751 … pour les volcans de la chaîne des Puys !

Assez facile ! Il a suffit que des géologues commencent à voyager et à observer des volcans en activité pour se rendre compte que certains « montagnes » de la chaîne des Puys à proximité de Clermont-Ferrand avaient des formes très évocatrices …. parce qu’ils sont tout frais, quelques milliers d’années pour les plus récents.

Le joli cône strombolien du Puy Pariou avec son cratère est daté de 9500 ans… donc très récent par rapport au volcanisme du Velay !

Dans le Velay… un peu plus tard !

Il a fallu que des naturalistes compétents aient déjà l’idée de visiter «  cette région reculée, assez peu connue, où il paraissait hasardeux de s’aventurer ».

Et ils ont vu quoi ? « … les grandes montagnes… de Pertuis et de Meygal couvertes de bois… » ! En 1759 c’est tout…

En effet, la forme en dôme ou en « pain de sucre » de nos sucs n’évoque pas des volcans.

Un seul de ces trois dômes, de formes comparables, est un volcan. Le Gerbier bien sûr…

Donc ce n’est pas la forme qui nous renseigne sur la nature volcanique du dôme. Il faut s’intéresser aux roches…

Comment reconnaître qu’une roche est une lave refroidie ?

Roche du Meygal, de même nature que celle du Gerbier, une lave appelée phonolite.

Il s’agit d’une roche très compacte. Aucun indice ne montre que la phonolite se serait formée par un dépôt de particules comme des sables compactés ou des argiles. Ce n’est pas non plus un calcaire car elle ne réagit pas à l’acide. Ce n’est donc pas une roche formée par des matériaux provenant de la surface terrestre.

Les roches qui ne sont pas des laves…

La phonolite n’a pas non plus subi les outrages des profondeurs terrestres, c’est à dire de fortes contraintes qui auraient déformé la roche,comme celle-ci par exemple !

Alors il s’agit d’une roche qui, comme la grande majorité des roches observables à la surface de la terre provient du refroidissement de roche fondue en profondeur, c’est à dire d’un magma.

Les roches issues du refroidissement d’un magma et qui ne sont pas des laves…

Lorsque ce magma refroidit très lentement, il se forme des minéraux cristallisés imbriqués les uns dans les autres et l’on obtient ce type de roches :

La couleur et la forme des minéraux dépend bien sûr de la composition chimique du magma. Plus le refroidissement est lent, plus la taille des cristaux pourra être importante.

Une cristallisation lente implique que le magma reste en profondeur tout le temps que dure la solidification. Ce ne sont donc pas des laves.

La structure des laves…

Lorsque le magma remonte rapidement à la surface il s’épanche s’il est assez fluide ou s’accumule s’il est plus visqueux et refroidit donc au contact de l’air plus ou moins rapidement : c’est une lave émise par un volcan. Les cristaux n’ont pas le temps de se former, ils restent microscopiques au sein d’une pâte vitreuse et l’on observe une masse compacte comme la phonolite ci-dessus.

Basalte, volcan du Grand Champagnac, Fay-sur-Lignon, avec quelques gros cristaux visibles à l’oeil nu.

Certaines laves montrent pourtant des cristaux bien visibles, noyés dans la masse : ils se sont formés avant l’éruption, en profondeur dans la chambre magmatique ou au cours de la remontée si elle est suffisamment lente.

C’est aussi le cas de ce trachyte, photographié dans le mur d’une maison de Montusclat.

Les différents types de laves dépendent de la composition chimique du magma initial et des transformations que ce magma a pu subir en remontant.

Pour en revenir à la question initiale…

Il faut donc attendre que des naturalistes compétents poussent leurs investigations jusque dans nos massifs et qu’ils identifient les roches comme étant des laves.

En 1776 Antoine de Gensanne présente à la Société royale des sciences de Montpellier un mémoire de treize pages :  « Sur les volcans éteints du Velay et du Vivarais ».

En 1780 l’abbé Giraud-Soulavie décrit le Mont Signon exploité pour ses lauzes, le « grand Mont Mézin », le lac de Saint-Front, des prismes de basalte de « Faï-le-Froid » qu’il distingue mal des « laves lamelleuses » (maintenant appelées phonolites)… Pour lui le centre d’activité de tous les volcans est le « Mézin ».

Et il a fallu encore une vingtaine d’années pour qu’un géologue (D. Dolomieu) différencie le basalte des trachytes et phonolites.

Les données historiques sont extraites de l’ouvrage « Le massif volcanique du Mezenc-Meygal en Haute-Loire » de Joan DEVILLE, Per Lous Chamis 1986, dont la lecture m’a été judicieusement recommandée par Timothé Lhoste.

Timothé est un jeune géologue de La Pradette (Montusclat) qui a une connaissance approfondie de tout le volcanisme du Mézenc-Meygal et que je remercie chaleureusement pour toutes les informations qu’il me donne !

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