Dans l’article précédent « Y a-t-il des coulées de basalte au pays des sucs ? » nous avons vu que les coulées entaillées par les vallées de la Gazeille ou de l’Aubépin présentaient des prismes grossiers verticaux.
Partout dans le monde les coulées de basalte qui ont une certaine épaisseur présentent cette particularité. Il y en a de nombreux exemple en Haute-Loire, et même au pays des sucs !
Colonnade de prismes verticaux et chapeau de faux prismes…
En Haute-Loire, on observe la même structure à la Roche Servière de Prades, dans les gorges de l’Allier, reste d’une épaisse coulée qui a dévalé depuis le plateau du Devès
Photo L. Chany
Au pays des sucs on observe la même structure au rocher d’Eynac, commune de Saint-Pierre-Eynac
Pourquoi une prismation ?
La lave en se refroidissant se contracte. Cette contraction induit des fentes de retrait qui découpent la matière en prismes, majoritairement hexagonaux.
La vue de dessus des colonnes évoque un pavage très régulier.
Des fentes de retrait peuvent également s’observer lorsque qu’un matériau riche en eau se dessèche, la boue au fond d’une flaque d’eau par exemple….
Et même dans des argiles cuites par une coulée de lave …
Pour les argiles cuites, voir article précédent : https://sucs-nature.fr/y-a-t-il-des-coulees-de-basalte-au-pays-des-sucs/
L’axe des prismes est perpendiculaire aux surfaces soumises au refroidissement.
Dans le cas d’une coulée, la lave s’écoule sur un sol froid, elle se refroidit donc par dessus et par dessous, en contact avec des surfaces plus ou moins horizontales. Les prismes sont donc verticaux.
L’entablement des faux prismes qui chapeaute la colonnade serait du à un refroidissement plus rapide par des intrusions d’eau au sein de la coulée qui entraînent des surfaces de refroidissement plus anarchiques.
Et si la coulée se retrouve coincée dans une cuvette ou un vallon, le refroidissement sera influencé par les bords froids de la cuvette et les prismes, perpendiculaires au bord de la cuvette, ne seront plus verticaux…
Alors, comment expliquer ceci :
Le site du moulin Béraud se trouve au bord de la route entre Les Estables et Le Monastier-sur-Gazeille.
C’est un rocher de basalte formé de prismes horizontaux….
Le basalte fluide peut s’injecter sous pression dans des fissures et refroidir au sein des roches en formant des filons. Les filons de basalte, plus résistants que la roche encaissante seront plus tard dégagés par l’érosion : on les appelle « dykes ».
Dans ce cas les surfaces de refroidissement sont les épontes rocheuses verticales, la prismation est donc horizontale.
Dyke de basalte, partiellement dégagé, vallée de la Salliouse, coté ardéchois du Mézenc, bien distinct de la roche encaissante granitique claire.
Le rocher de Moulin Béraud est donc un dyke !
Et pour en savoir plus : « La Haute-Loire, richesses géologiques », publication du Groupe Géologique de la Haute-Loire.
oui, mais pourquoi de forme hexagonale?
Nota: l’Islande est un rêve pour les géologues et les volcanologues !!
Bonnes fêtes de fin d’année
Les sections des prismes sont des polygones de 4 à 8 faces avec une majorité à 6 faces. A surface égale la forme qui présente le plus petit périmètre possible est le cercle. En l’absence de contraintes les ruptures seraient circulaires, mais le voisinage de la matière crée des contraintes et le remplissage optimal de l’espace correspond à l’emboîtement d’hexagones, forme géométrique la plus proche du cercle (pensez aussi à l’occupation optimale de l’espace par les alvéoles des galettes de cire chez l’abeille)…
L’idéal hexagonal n’est pas toujours possible et ce sont des motifs polyédriques qui se réalisent.