Le Gouleyou

Le Grand Chauve à col roulé...

Un Grand Chauve à col roulé… c’est ainsi que l’ont surnommé les géologues de l’Université de Clermont-Ferrand, lorsqu’ils ont étudié la région dans les années 80…

C’est un « Suc » situé dans le pays des Boutières, à l’est du Mézenc.

Vue vers le sud depuis le sommet du Mézenc.
Vue depuis l’Ardèche.

Chauve il l’est…

Ses pentes, trop raides, ne sont pas ennoyées par les éboulis comme la plupart des autres sucs de la région.

La forêt n’a pu se développer que sur les éboulis qui jonchent la base du piton, formant ainsi le « col roulé » …

De la lave oui, mais un volcan ?

La roche du Gouleyou est une lave de la famille des phonolites, donc très pâteuse mise en place « à froid » (environ 800°C).

Une extrusion ?

Voici le modèle en 3D de la structure interne du Gouleyou proposé par Albaret en 1992 : il s’agit d’une accumulation de lave à l’aplomb du point de sortie et donc une extrusion de lave que l’on peut appeler volcan…

Ou une intrusion ?

Il peut s’agir aussi d’une d’une intrusion de lave qui s’est solidifiée avant d’atteindre la surface et dont la partie supérieure a été déchaussée par l’érosion.

Il faut examiner la prismation…

Rappelons que l’orientation des fentes de retrait qui forment les prismes est perpendiculaire à la surface au contact de laquelle la lave refroidit (voir articles précédents)….

Dans une intrusion, la lave se refroidit au contact de la surface verticale des roches encaissantes et va donc former des prismes horizontaux qui forment des rayons tout autour du piston pâteux, alors qu’à l’intérieur en continuant à monter, elle forme des prismes qui se redressent à la verticale.

Voir à ce propos « Le Rocher de Queyrières » : https://sucs-nature.fr/le-rocher-de-queyrieres/

Vers le haut de la structure on voit nettement le redressement des prismes…

On aurait donc bien une accumulation de lave ayant formé un « pain de sucre », avec une base ayant refroidie dans l’encaissant et qui par la suite a été mise au jour par l’érosion.

Mais…

Emmanuelle Defive fait remarquer que les Sucs voisins de Touron (1381 m) et de la grande Roche de Borée (1315 m) ont une altitude plus élevée que le Gouleyou (1293 m) et montrent des prismes horizontaux dans leur partie sommitale.

Donc, le Gouleyou serait plus vraisemblablement une intrusion, entièrement refroidie en profondeur et déchaussée par l’érosion.

Prismes horizontaux au sommet de la Grande Roche de Borée.

Voir aussi l’article sur le Suc de Sara : https://sucs-nature.fr/le-suc-de-sara-un-volcan-vraiment/

Et depuis quelque temps le sommet chauve du Gouleyou offre un magnifique site de repos pour les Vautours. A quand leur nidification ?

Sources :

  • Jean Mergoil, Pierre Boivin : Le Velay, son volcanisme et les formations associées 1993.
  • Emmanuelle Defive : Le jardin des phonolites, Les cahiers du Mézenc N° 34 – 2022.

2 commentaires

  1. toujours très intéressant !

    et rigolotes les vues comparées du Mézenc et de l’Ardèche

  2. Michèle,
    Cela faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de regarder ton blog. C’est MAGNIFIQUE. Tu nous invites dans un univers plein de couleurs de sons … on s’y croirait.
    Et on se sent plus intelligent après les lectures que tu nous proposes.
    Continue 👍

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